Après la « nuit de cristal » à Berlin, des jeunes juifs allemands et autrichiens peuvent passer en Belgique et sont accueillis dans divers foyers.
Cependant en 1940, les troupes allemandes envahissent la Belgique et ces jeunes (environ 90), fuient cette fois vers la France. Après un voyage mouvementé, ils aboutissent en zone non occupée, à Seyre en Haute Garonne. Mais étrangers et sans papiers, leur vie est très précaire.
Les responsables du groupe s’adressent à Maurice DUBOIS du Service Civil International et responsable de Secours aux Enfants, à Toulouse. Après délibération avec plusieurs associations et organismes, il est décidé de prendre en charge ce grand groupe. Il sera également décidé d’accueillir des enfants non-juifs, français et espagnols.
Le couple Maurice et Eléonore DUBOIS se démène pour les loger convenablement.
Au printemps 1941, le groupe de Seyre (31) s’installe au château de La Hille en Ariège, qui devient selon un ancien de la colonie « Un îlot dans la tempête », un havre de paix, pour tous.
En 1942, le Secours aux Enfants s’associe avec la Croix-Rouge suisse.
Cette colonie est une vraie communauté où chacun s’enrichit de l’autre et l’entr’aide est omniprésente.
Un mariage protestant est même organisé et célébré dans la comune voisine de Gabre
Une classe est créée à l’école communale pour les moyens
L’espoir renaît et la vie d’enfance s’épanouit, jusqu’au petit matin du 26 août 1942, avec la grande rafle des plus de 16 ans, ceci pourtant en « zone non-occupée », donc libre !
Avec une extrême rapidité, le couple Dubois fonce vers Vichy. L’attente pour une réponse à la demande de libération du groupe de La Hille va durer trois jours. Alors, Eléonore file vers Berne et aborde les responsables suisses, sans succès.
Enfin, Maurice DUBOIS obtient la libération des jeunes envoyés au camp du Vernet où la directrice Rösli NAËF avait rejoint « ses enfants ». De justesse, tous auront échappé à leur destination vers les camps nazis !
Mais malgré cette libération, l’espoir de leur devenir est mince. De nouveau des arrestations en 1943 ; alors l’aide et l’abnégation de divers adultes permettront des passages clandestins vers l’Espagne et la Suisse. Malheureusement, il n’y aura qu’un seul survivant sur les 13 déportés vers les camps de l’horreur nazie. D’autres ont choisi de partir travailler dans des fermes voisines, bûcherons dans les bois…
La colonie se poursuit, avec quelques enfants juifs plus jeunes, vivant parmi des camarades non-juifs plus nombreux maintenant. Vite, en 1944, ils seront cachés dans des couvents ariégeois.
Puis la guerre est enfin finie ! Peu d’enfants restent encore au château quand se produit le terrible accident de camion qui coûtera la vie au directeur suisse Claude WEHRLI ainsi qu’au réfugié espagnol Jaime PALAU .
La colonie ferme fin 1945.